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Dans un livre collectif, Maurice Simo Djom et Cie scrutent les réseaux sociaux en Afrique

Maurice Simo Djom scrute les réseaux sociaux en Afrique

[Digital Business Africa] – L’auteur du best-seller La guerre économique revient avec un nouvel ouvrage, Les réseaux sociaux. Ce qu’ils ont fait de nous et ce que nous devons en faire, à la tête d’un collectif de 21 auteurs ayant rédigé en tout 28 contributions contenant des propositions concrètes pour l’appropriation de l’internet 2.0.

Face à la multiplication des dérives et des déviances sur les réseaux sociaux, il y a lieu de se poser la question de savoir si l’on peut défendre les réseaux sociaux. L’ouvrage de 326 pages répond de façon subtile. Le lecteur en sort avec trois principales réponses :

Certes les réseaux sociaux sont ambivalents…

En premier lieu, le collectif n’est pas tendre envers ces innovations qui facilitent notre quotidien. Les auteurs ont dépassé le stade de l’éblouissement pour poser un regard cinglant sur les réseaux sociaux, indexant leur ambivalence. Par ce terme, les diverses contributions font référence à ces algorithmes qui ne nous renvoient pas les faits, mais des représentations ou des sélections de la réalité, conformes à nos attentes, ce qui ne favorise pas l’exercice critique.

Outre la tendance à nous enfermer dans des bulles, les réseaux sociaux menacent les valeurs que nous avons en commun telles que la responsabilité, le vrai ou l’amitié. La question posée par l’un des auteurs « Peut-on avoir 5000 amis ? » attire l’attention sur la dilution de la valeur de l’amitié par Facebook qui a affaibli une notion aussi lourde de sens et qui est à la base de l’héroïsme, du sacrifice, du son de soi.

Notre éblouissement vis-à-vis des RS

En deuxième lieu, les auteurs relèvent le rapport plutôt instinctif que les sociétés africaines entretiennent avec les réseaux sociaux fait d’éblouissement plutôt que de rationalisation. L’ouvrage recense du reste les différents ethos maladroits nés dans cette ère digitale : les likers, les lurkeurs, les haters, les followers, les partageurs, autant d’activités qui ne sont pas sans conséquences sur les plans juridique, psychologique ou sociologique, mais que les sociétés africaines n’ont pas pris la peine d’observer attentivement pour l’instant. Face à des déviances décrits/décriés avec minutie et colère, l’ouvrage appelle à un recul : « ayant embrassé cet univers séduisant avec délectation et enthousiasme,  nous découvrons peu à peu que l’impact de ses instruments sur nous et sur nos sociétés n’est pas toujours positif. »

…  mais il est urgent de dépasser notre éblouissement

In fine, l’ouvrage est un plaidoyer pour une pédagogie des réseaux sociaux. Les auteurs souhaitent que les parties prenantes de la communauté éducative, les instances de régulation des technologies et  divers ordres de la régulation sociale définissent un projet de connaissance sur les réseaux sociaux. Grâce aux garde-fous qui doivent y être développés, les sociétés africaines ne seront pas aliénées par ces outils. Chacun pourra alors jouir des avantages de ces innovations de façon sereine : « Grâce à eux, nous communiquons plus facilement et plus efficacement. Ils ont donné de l’écho aux promesses de liberté d’expression et de démocratie. Ils nous offrent des cadres d’apprentissage, de divertissement, mais aussi de promotion économique et de développement personnel. »

L’une des quatre parties de cet ouvrage est justement consacrée aux bienfaits de l’internet 2.0, que ce soit les nouveaux métiers à apprendre ou les nouvelles opportunités à saisir.

L’ouvrage ne prolonge pas le scepticisme d’Umberto Eco qui a popularisé un tableau sombre des réseaux sociaux dans une boutade restée dans les annales. Le collectif diffuse plutôt une vision éclairée, subtile et positive de cette innovation. La preuve, c’est qu’il est parsemé de propositions concrètes dont la plus forte est la promotion d’un réseau social natif africain : « L’Afrique peut et doit avoir des réseaux sociaux natifs, mais ils ne seront pas de la taille de Facebook. De toute évidence, ce n’est pas là qu’on attend le plus l’Afrique. Le défi reste celui de la valeur ajoutée. Il convient de penser des réseaux sociaux à forte valeur ajoutée, qui non seulement apporteront des innovations à la vie des Africains, mais dilueront l’exposition et la fragilité qu’augure l’utilisation massive des réseaux sociaux hétéronomes. »

Par Samba T. Bakary

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