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Joshua Osih : « Le financement du numérique sera porté par les acteurs du secteur privé » [VIDÉO]

Joshua Osih : « Le financement du numérique sera porté par le secteur privé »

Joshua Osih, candidat du SDF à l'élection présidentielle du 07 octobre 2018 au Cameroun

(Digital Business Africa) – La plateforme web TIC Mag (www.ticmag.net) qui a récemment migré vers l’appellation DIGITAL Business Africa (www.digitalbusiness.africa), magazine des décideurs consacré aux informations stratégiques sur les TIC, les Télécoms et le Numérique en Afrique, a entrepris d’interroger en interview vidéo les neuf candidats à l’élection présidentielle du 07 octobre 2018 au Cameroun. Digital Business Africa les a invité à parler du numérique et à exposer leurs propositions pour un meilleur développement du numérique au Cameroun. Troisième arrêt ce 20 septembre 2018, Joshua Osih, le candidat du parti SDF (Social Democratic Front, le parti leader de l’opposition qui l’a investi).

Joshua Osih mise sur les acteurs du secteur privé pour activer son Plan de Révolution du numérique. Dans cet entretien vidéo avec DIGITAL Business Africa, découvrez ses propositions pour relever et développer le secteur du numérique au Cameroun.

Digital Business Africa : Dans votre Plan de révolution du numérique, c’est ainsi que vous l’avez intitulé, vous proposez parmi les huit initiatives la mise en place la création d’un fonds spécial de financement des jeunes entrepreneurs du numérique. Comment fonctionnera ce fonds et à combien sera-t-il doté ?

Joshua Osih : La raison d’être de ce fonds c’est que… le financement de cette révolution ne doit pas être un problème. Le financement des jeunes entrepreneurs dans le numérique ne doit pas être un problème aussi. Le fonds est un fonds de garantie. Donc, ce n’est pas un fonds à reverser aux jeunes, c’est un guichet d’accompagnement, c’est à dire que c’est un fonds de garantie et  d’aide.

Puisque nous savons que les jeunes les plus créatifs très souvent ne peuvent pas avoir les garanties nécessaires pour financer leurs projets, ils pourront s’adresser à ce fonds pour cet accompagnement-là. Donc, c’est un fonds de garantie. A travers ce fonds qui garantirait les emprunts nécessaires peut-être pour s’équiper, des emprunts nécessaires pour acheter la propriété  intellectuelle, etc….  Ce fonds sera donc la garantie de ces jeunes entrepreneurs du numérique pour y arriver.

Vous savez c’est projet transversal. Donc, il ne peut pas marcher s’il y a un maillon de la chaîne qui ne marche pas. Vous savez, vous ne pouvez pas passer à la numérisation de l’éducation qu’on appelle l’éducation 2.0 si vous n’avez pas de jeunes entrepreneurs et vice versa.

Vous ne pouvez pas avoir des jeunes entrepreneurs du numérique sans leur offrir un marché accessible et vaste. Et donc, il faut séquencer tout cela de façon à permettre aux différents maillons de la chaîne de profiter vraiment les uns des autres.

Donc, c’est juste pour dire que, le financement de ce fonds n’est pas aujourd’hui la priorité. Pendant qu’on établissait ce plan de révolution, ce n’était pas le montant qui était important, parce que le montant qui peut même être flexible, qui peut fluctuer représente les nécessités du moment. C’est-à-dire que si nous décidons de passer par exemple aux manuels scolaires numériques et que nous décidons que ce sera trois régions par année par exemple ou 300 écoles par année, il y aura une demande uniquement pour ces 300 écoles là. Donc, ceux qui vont faire les différentes applications, qui vont numériser les manuels, qui vont du côté du hardware développer les unités d’assemblage, etc… auront un marché donné qu’il faudra satisfaire.

Digital Business Africa : Vous proposez également votre Plan de révolution du numérique la création d’une Haute autorité nationale de télécommunications et des TIC. Quelles seront ses missions et sa différence avec les agences qu’on a actuellement au Cameroun ?

Joshua Osih : Premièrement, c’est une autorité, pas une agence. Une agence est sous  la botte d’un département ministériel et sous la tutelle d’un gouvernement. Une autorité est en dehors. Le but de cette autorité c’est de pouvoir, en phase  avec les objectifs du gouvernement, jouer le rôle que toutes les autres agences, y compris  le ministère des Postes et Télécommunications, sont en train de jouer aujourd’hui.

Donc, c’est un peu cela pour le dire en quelques mots. Donc, dans l’imaginaire il faut comprendre qu’on veut véritablement avoir un écosystème numérique. Et cet écosystème doit aussi exister au niveau de l’administration. Donc, il faut une haute autorité qui est le volet administratif et gouvernemental dans cet écosystème numérique.

Il est évident qu’il y a une loi d’orientation sur le contenu local qui passera dès la première année. Je dis aussi que la commande publique sera prioritairement camerounaise et cette loi sur le contenu local passera du Cameroun à la CEMAC, de la CEMAC à l’Afrique avant d’aller ailleurs.Joshua OSIH

Digital Business Africa : Pour la digitalisation de l’administration camerounaise vous ferez appel aux entreprises nationales ou internationales ?

Joshua Osih : Vous êtes concentré uniquement sur le plan numérique et je vous en félicite. Mais, si vous aviez vu le volet économique du programme, vous auriez vu que je propose une loi ferme sur le contenu local pour les produits et services. Donc, il est évident que le numérique en fasse partie. Donc, je n’ai pas à répéter cette position là quand je parlais du numérique.

Il est évident qu’il y a une loi d’orientation sur le contenu local qui passera dès la première année. Je dis aussi que la commande publique sera prioritairement camerounaise et cette loi sur le contenu local passera du Cameroun à la CEMAC, de la CEMAC à l’Afrique avant d’aller ailleurs.

Donc, tout ce qui est commande publique, tant que ce sera produit au Cameroun et je ne parle pas des choses représentées au Cameroun dont la valeur ajoutée ne représente pas au  moins de 50% de la valeur finale. Je parle des produits vraiment Camerounais dans le numérique. Les services vraiment camerounais dans le numérique auront la priorité sur les autres.

Digital Business Africa : Que doivent retenir les jeunes entrepreneurs du numérique de votre Plan de révolution du numérique et surtout de ce que vous leur proposez ?

Joshua Osih : Ce qu’il doit retenir est très simple. Aujourd’hui, dans le dispositif actuel de ceux qui nous gouvernent, pour s’en sortir il faut faire dans la commande publique, il faut être actif dans la fourniture, il faut être actif dans la construction des écoles, etc…, ou alors on tombe dans l’agriculture ou on tombe dans les métiers informels et tout ça.

Ce que nous proposons c’est que, avec une révolution numérique, c’est le numérique qui est au cœur de toutes les autres activités. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que même les projets de développement agricole, les projets de développement dans le foncier,  le projet de développement dans l’habitat, les projets de développement dans l’éducation, dans l’utilisation de l’énergie, dans la distribution, dans les transports, etc…, au cœur de  ces projets, nous aurons le numérique.

Cela veut dire que, au lieu de se déployer par exemple, de parler d’une agriculture 2.0 comme on le dit aujourd’hui ou de 2eme génération où les gens vont avec les machettes, on aura plutôt une agriculture où par exemple dans le septentrion, on proposera des solutions endogènes, locales d’irrigation gouttes par gouttes, qui, j’imagine peuvent être gérées par des applications sur des téléphones mobiles de ces paysans-là.

On parlera par exemple de la distribution de l’administration spatiale du Cameroun par un géodésique beaucoup plus accessible qui n’est pas seulement entre les mains d’un ministère, mais qui est accessible à tous les usagers pour qu’on puisse voir définitivement le cadastre national sur un écran ; on parlera d’une administration qui est essentiellement numérique, où n’y a plus de papiers après peut-être cinq ans ; on parlera moins de corruption, parce qu’on va dématérialiser les transactions entre l’administration et les usagers, mais alors complètement.

Et ce qu’on peut retenir c’est qu’à la fin de ce septennat, ceux qui n’auront pas de smartphones ou de tablettes qui ne seront pas connectés auront un problème véritablement de s’en sortir. Et donc, l’économie sera effectivement numérique partout. On me dit que c’est un défi ! Je dis en quelques mois on a pu couvrir le territoire du téléphones cellulaire. On me dit que c’est un défi ! Je dis en quelques mois on a pu couvrir pratiquement tout le territoire Camerounais  avec l’accès à la télévision satellitaire et câblée ; donc, on est capable de le faire.

On doit juste orienter toutes nos politiques autour de cet aspect-là et mettre le numérique au centre de toutes nos décisions et vous verrez qu’on arriverait. En ces temps, c’est ce que je disais dernièrement, il y a beaucoup de gens qui sont coincés dans le débat du CFA sortir ou pas sortir ? Mais si au bout de sept ans vous avez complètement dématérialisé les transactions financières, la dénomination ne veut plus rien dire. Donc, c’est pour cela que pour moi ce n’est pas le débat central. Le débat central c’est comment les transactions sont organisées.

Propos recueillis par Digital Business Africa

Ce que propose Joshua Osih dans son programme politique. Volet TIC et Numérique.

PLAN POUR LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE

Ancrer le Cameroun dans la révolution numérique et les industries du futur

La numérisation, l’archivage et la mise en ligne de nos traditions et de nos langues locales ainsi que la mise en place des clusters numériques dans les dix régions fédérales.

La révolution numérique que nous vivons est mondiale, elle surpasse de beaucoup la révolution industrielle qu’on a pu vivre à une autre époque.

Dans la prochaine décennie :

Si le Cameroun n’a pas pu participer à la révolution industrielle, nous ne devons pas rater la révolution numérique et les industries du futur.

Sous mon leadership, je mettrai en œuvre un “Plan pour la Révolution Numérique “ qui permettra à tout citoyen sans distinction d’âge, de genre, de région, de s’arrimer à cette dynamique de croissance mondiale.

Le secteur du numérique est fortement créateur de richesses et d’emplois.

Il nous faut donc bâtir un écosystème numérique, capable de potentialiser les énergies créatrices des Camerounaises et des Camerounais. La modernisation et l’informatisation de l’Etat doivent servir de catalyseur à l’ancrage du Cameroun dans la révolution numérique.

La stratégie d’ancrage du Cameroun à la révolution numérique s’articulera dans deux grandes perspectives :

Nous aurons 4 grands objectifs :

  1. Bâtir les infrastructures …
  2. Transformer l’action publique et l’éducation…
  3. Impulser l’entreprenariat local avec la création de contenus, d’emplois…
  4. Garantir la sécurité des usagers et des usages…

Pour lesquelles nous proposons un plan numérique national composé de 8 initiatives :

1) Apporter les infrastructures et la capacité numérique (Internet, ordinateurs, objets connectés)

2) Moderniser et informatiser l’action publique

3) Transformer l’enseignement et l’éducation

4) Impulser la création de contenus numériques locaux

5) Créer de la richesse et des emplois du numérique

6) Mettre en place un cadre légal et juridique cohérent

7) Garantir la sécurité et la confiance numérique

8) La restructuration fondamentale de la gouvernance numérique

1) Apporter les moyens de base de l’internet et des ordinateurs (Développer les infrastructures et la capacité numérique)

2) Impulser la création de contenus numériques locaux

Pour la culture et la protection de nos traditions : archivage, musées en ligne, langues locales.

3) Libérer le potentiel des entrepreneurs camerounais du numérique / Créer de la richesse et des emplois du numérique

Mise en place de clusters numériques dans les 10 régions. Un cluster est un groupement d’intérêt économique qui regroupe Universités / entreprises / Etat / incubateurs :

o  L’université fournit les étudiants, les incubateurs les encadrent et font émerger les startups, les entreprises et l’Etat leur donnent des contrats

o  Mise en place d’un parc technologique

o  Mise en place des incubateurs dans le numérique ou plateforme d’appui aux startups

o Mise en place de zones franches industrielles de production des équipements du numérique

 

4) Transformer l’enseignement et l’éducation

Pour l’éducation nationale : à l’échec cuisant des PBHEV, je substituerai l’équipement de nos structures éducatives en priorité pour que le numérique ne soit pas une matière mais une manière d’enseigner les matières.

5) Mettre en place un cadre légal et juridique cohérent

6) Moderniser et informatiser l’action publique

 Pour la défense et la sécurité : je créerai des comités de vigilance sur les réseaux sociaux par commune, pour renouer le lien social et instrumentaliser le numérique comme outil de solidarité. Il sera possible de contacter la police de son quartier par WhatsApp ou Facebook ainsi que ses voisins.

Pour les entreprises : toutes les déclarations fiscales et sociales pourront se faire sur internet et pourront être payées par monnaie mobile afin de limiter la corruption et le chantage.

Pour le service au citoyen : toutes les pièces officielles, acte de naissance, certificats, etc… pourront être retirés sur internet- pour ceux qui n’ont pas internet, un kiosque avec un agent sera opérationnel dans chaque mairie (et chaque télécentre communautaire)

Pour la lutte contre la corruption et l’inertie : transparence sur l’action de ceux qui gèrent l’argent public. Une administration à zéro liquidité !!!

Pour l’engagement citoyen : je mettrai en ligne un portail de mon engagement, de mes promesses pour la transparence, pour la notation des membres du gouvernement, pour la notation du budget, et la transparence sur l’exécution budgétaire.

 

7) Sécurité et confiance numérique ;

8) La restructuration de la gouvernance du numérique

Présence sur les réseaux sociaux de Joshua Osih

Point fort : Le candidat du SDF qui dispose d’une application mobile (OSIH 2018) envoie une newsletter hebdomadaire aux Camerounais pour leur présenter les différents axes de son programme. Il n’hésite pas également à personnaliser ces newsletters.  Sur Facebook, il n’hésite pas faire recours aux publications sponsorisées pour promouvoir ses idées.

Point faible : Contrairement aux autres candidats, le joker du SDF à cette élection n’a pas assez de groupes de discussions et de groupes de fans sur Facebook. Groupes où ses partisans peuvent divulguer et partager son programme et son agenda. En termes de nombre d’amis sur Facebook, il vient en troisième position après Paul Biya et Serge Espoir Matomba.

Par DIGITAL Business Africa

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Prochain candidat : Maurice Kamto du parti MRC. Rendez-vous sur DIGITAL Business Africa le 24 septembre à 14h (www.digitalbusiness.africa)

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